Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
107 ans
22 avril 2009

J+9 / Pantins

ZakharowIl y a une semaine elle aurait du arriver en Pologne, où je termine ma licence de sociologie. Oui, mais voilà, il y a 9 jours elle m'a appelé pour me dire que je pouvais tout annuler, qu'elle ne viendrait pas, jamais, et qu'à mon retour en France, on ne se verrait que le temps de mon déménagement. Mais on peut rester amis, elle me respecte beaucoup dit-elle.

Il y a 9 jours, j'ai vécu un 11 septembre du coeur, deux tours qui se sont écroulées sous, et sur mes yeux. Je n'avais rien vu venir puisque depuis mon arrivée à Lodz le 8 février dernier, elle me répétait sans cesse qu'elle n'attendait qu'une chose, me rejoindre ici. Et moi, à chaque fois, dans chaque endroit, je m'imaginais y revenir avec elle. J'avais tout préparé, ce devait être les 5 plus beaux jours de mon séjour. Et patatra. Alors depuis, je ne sais plus, je ne sais plus vraiment ce que je fais là, je ne sais plus non plus ce que je vais faire à mon retour en France, je ne sais plus si je suis toujours aussi content d'être là, et je ne sais pas non plus si j'ai envie de retourner en France... Pour qui, pour quoi ? Quand je regarde à l'horizon, je ne vois rien, que du brouillard partout, tout autour de moi. La lumière, elle est loin, loin derrière. Où vais-je vivre ? Que vais-je faire ?

Voilà 9 jours que plus rien n'a d'intérêt, que tout ce que je vois de potentiellement intéressant est sans saveur, déprimant, car je sais désormais que je n'aurais personne avec qui le partager. A quoi bon ? Moi je veux une épaule. 9 jours que je suis perdu, 9 jours de larmes, au fond du précipice.

Cela dit j'ai pu m'échapper quelques instants de ma nouvelle vie de zombie ces 2 derniers jours. Lundi, parce que j'ai découvert le concept du "flâneur" d'après Baudelaire et Benjamin, et qu'il se trouve que mon étrange personnalité avec laquelle j'avais parfois du mal à m'accommoder, correspond assez bien à ce concept. Cette façon de capturer ce que j'appelais des instants de poésie ordinaire, d'en faire des chansons, des tableaux, des histoires... où juste de les garder quelque part au fond de moi.
Et hier, grâce à Vladimir Zakharov, un Russe de 50-60 ans au regard profond et mélancolique qui m'a bouleversé avec son spectacle "The story of one puppet". Si seulement Vladimir pouvait m'insuffler autant de vie qu'à sa "poupée". D'ailleurs je crois qu'il l'a fait, le temps de sa prestation, que le pantin que je suis s'est remis lui aussi à cligner des yeux et à poser la main sur son coeur. J'aurais voulu rester suspendu, et que ça ne s'arrête jamais, j'aurais voulu ne jamais revenir à la réalité...

Et pourtant la réalité, elle est là. Chaque jour nouveau est une nouvelle promenade dans un champs de mines, ma mémoire... Tous ces souvenirs comme autant d'explosions.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité